Le langage inclusif, langage épicène ou encore la féminisation du langage fait couler beaucoup d’encre depuis quelques années. Mais de quoi parle-t-on?
Alors, ce type de formulation est-il juste un caprice ? Car comme le disent certaines et certains :
- Le langage épicène est tout à fait futile
- Le masculin générique inclut déjà le féminin
- L’écriture inclusive : c’est moche, c’est lourd et c’est peu lisible
Bien … mais encore ? Il est important de se rappeler que le langage façonne notre société. Il est le reflet de notre organisation sociale ; il active et influence la vision que nous portons sur nos valeurs, sur ce qui est considéré comme « normal », « admissible » ou pas dans une société à un temps donné.
Il est intéressant de comprendre que le masculin n’a pas toujours été considéré comme un genre dominant, comme nous le décrit très bien cette vidéo « écrire et communiquer de manière non discriminatoire » réalisée par l’Université de Neuchâtel. En effet, au XVIIe siècle, les autrices, les médecines et les professeuses (souligné par mon correcteur d’orthographe comme mot incorrect ?!) étaient des termes courants. Mais les grammairiens de l’époque ont décidé de masculiniser la langue de manière tout à fait consciente afin de minimiser l’impact que certaines femmes pouvaient avoir sur leur époque. L’Académie française a pris le relais en supprimant de son dictionnaire certains noms féminins de métier, comme poétesse, peintresse ou officière.
Et alors, est-ce si dramatique ? Oui, si on réalise que notre langage a des répercussions directes sur la façon dont nous appréhendons la réalité. Des études ont montré que le sens des mots et leur genre influencent nos croyances et notre vision. Les recherches actuelles confirment que notre cerveau n’arrive pas à différencier le masculin au sens spécifique (qui s’applique à un mot au masculin) du masculin dit générique (lorsque le masculin est privilégié pour se référer à un groupe mixte, par exemple). Donc lorsque nous lisons la phrase « les musiciens sortirent de la salle », notre cerveau nous renvoie une image mentale constituée d’une majorité d’hommes.
Si l’envie vous prend de creuser le sujet, le bureau de l’égalité de l’Université de Lausanne met à disposition des ressources, telles que des guides pratiques, des références et des publications, ainsi que ce livret « Les mots de l’égalité » qui m’a inspiré certains exemples de cet article.